Voici les premières pages de mon e-book intitulé: De la diversité au séparatisme.
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Le 15 avril 2019, Notre-Dame a brûlé causant des réactions de peine et de sincère désolation autour du monde. Ce jour-là, une syndicaliste étudiante a publié sur son compte twitter : « Les gens ils vont pleurer pour des bouts de bois. Wallah vous aimez trop l’identité française alors qu’on s’en balek objectivement c’est votre délire de petits blancs » avant de rajouter « je m’en fiche de Notre-Dame, car je m’en fiche de l’histoire de France ».
Portait cru d’une France disloquée, convertie en une vingtaine d’années de l’humanisme universaliste au séparatisme indigéniste. Portrait d’une société qui ne fait plus société où les liens affectifs et moraux se délitent à vue d’œil.
Ils sont journalistes, politiques, influenceurs, artistes, universitaires et ont juré la fin de la France. Chacun y va de sa substance corrosive préférée. Repentance, racisme systémique, féminisme belliqueux et de mauvaise foi, les seringues sont plantées dans le flanc de Marianne qui s’étiole de jour en jour. Ses propres enfants l’empoisonnent.
La France a troqué Rousseau pour Hobbes. Plus question de contrat social, plus question de bien commun, plus question de collaborer entre citoyens libres et égaux. L’homme est un loup pour l’homme et la nation, qui jadis était un phare pour le monde, est en train de devenir une immense cour de prison. Un espace habité par des êtres organisés en meute, qui ne comprennent que le langage de la violence qu’elle soit physique, mentale ou symbolique.
L’empathie succombe. Le consensus national lui emboîte le pas. Plus aucun enjeu n’est susceptible de faire briller les yeux des citoyens dans toute leur diversité. Le drapeau est par terre, les symboles nationaux sont démonétisés. Il ne reste guère plus que le football pour donner un semblant d’union nationale, une sorte d’orgasme au rabais à mille lieux d’une véritable convergence des espoirs et des sensibilités.
La confrontation s’approche. De plus en plus de Français le ressentent, qu’ils soient amoureux de ce pays ou qu’ils le détestent de toutes leurs forces, qu’ils soient catholiques, juifs ou musulmans, athées ou agnostiques, riches ou pauvres. Certains prennent des dispositions en choisissant de vivre à l’étranger dans des îlots de tranquillité réelle ou perçue comme Singapour ou Dubaï. D’autres se délocalisent à la campagne, une manière comme une autre d’éloigner physiquement leurs enfants des villes où passe la ligne de front de la guerre qui vient. Parmi eux, se comptent aussi une catégorie de citoyens qui cultivent leur autonomie en produisant eux-mêmes leur nourriture et leur énergie. A l’autre bout du spectre, certains se réjouissent du choc à venir espérant y trouver une occasion de régler de vieux comptes avec la France.
Entendez-vous les battements de tambour ? L’ambiance sonore de l’époque est un méli-mélo de cris, d’interjections et de crachats transformés en rimes. Le rap français est un avertissement : de musique de combat contre les inégalités et la médiocrité bourgeoise, il est devenu un abécédaire des offenses à infliger à la France, à commencer par ses femmes et ses agents d’autorité. Depuis quand « nique ta mère » ou « nique la France » forme un discours de paix et d’amour ?
La voie publique est parsemée de points chauds invisibles mais bien réels, des endroits où effleurent les vapeurs toxiques du feu de tourbe qui consume les solidarités. Les femmes l’ont appris à leur dépens en plusieurs points du territoire, elles qui son harcelées et parfois malmenées pour s’être trouvées au mauvais endroit, à la mauvaise heure et avec la mauvaise tenue. Les victimes des 120 agressions quotidiennes à l’arme blanche le savent aussi, elles qui portent les séquelles parfois invalidantes d’une « cigarette refusée».
La France ne peut plus faire la fête en public. Toute célébration d’envergure (comme le 14 juillet) est une occasion de mesurer les forces de chaque partie prenante, de rappeler à la France qu’elle doit se préparer à « en prendre plein la gueule ». Une fois par an au moins, les Champs-Elysées subissent une razzia en bonne et due forme. A ce titre, le drugstore de l’Etoile, régulièrement pris pour cible, est une sorte d’avant-poste, placé au milieu de la France de demain. Cette France en éruption qui nous attend si nous ne faisons rien pour changer de cap.
Les faits divers de plus en plus brutaux racontent l’histoire d’un terrorisme qui ne dit pas son nom. Quand on lynche un chauffeur de bus à Bayonne ou que l’on explose littéralement le crâne d’un reporter d’images à Reims, l’on n’est plus dans la logique de la simple rixe. L’on exerce une action psychologique sur la communauté de la victime : sa famille, son peuple et sa confession. A chaque Français agressé, c’est la France entière qui est déshonorée. A chaque femme violée ou tabassée dans les transports, c’est la virilité de chaque homme qui est mutilée. La femme est un butin dans l’inconscient collectif : on s’en empare, on la profane, on la détruit pour démoraliser l’ennemi et le marquer à vie du sceau de la défaite. Il s’agit d’un universel valide dans toutes les cultures, sans exception. Seuls les progressistes français dont certains juges et politiciens refusent de l’admettre.
Le terrorisme auquel je me réfère est mené par des voyous « à deux neurones » qui ont tout de même l’intelligence de s’en prendre aux symboles les plus précieux. La femme (on vient de le voir), la police aussi, symbole de la souveraineté populaire et dépositaire du monopole de la violence légitime. Rosser ou tuer un flic, c’est signifier à tous les Français, de droite comme de gauche, qu’ils sont un peuple désarmé, conquis et impuissant. Quand les frères Kouachi ont abattu le gardien de la paix Ahmed Merabet à Paris en 2015, ils ont « castré » l’Etat français. Une des pires choses qui puissent arriver à un peuple est de voir ceux qui sont censés le protéger se faire massacrer sous ses yeux. C’est le prélude à la colonisation car si un policier ou un militaire est réduit, qu’en sera-t-il des gens du commun, désarmés et désaccoutumés à la guerre par des années de paix et de tranquillité ?
Les femmes, les policiers mais aussi les enseignants (souvenez-vous de Samuel Paty), les prêtres et les églises, autant de symboles de l’identité d’un pays. L’enseignant est l’autorité exercée sur la jeunesse, il incarne la transmission d’une génération à une autre, il stimule le sentiment d’appartenance à un destin partagé ; le prêtre est l’intermédiaire entre le Divin et l’humain, il symbolise la croyance dominante dans le pays, l’égorger ou le malmener c’est dire aux Français – catholiques ou pas – que leur « Dieu » et leur religion ne les protègent plus contre quoi que ce soit.
Ces voyous, le plus souvent abrutis par l’illettrisme et le cannabis, n’ont pas accès aux concepts. Ils n’ont en pas besoin pour passer à l’acte car leur inconscient collectif les guide naturellement vers les cibles qui « font mal ». Ils suivent un code de la guerre qui établit une typologie des coups à donner. Quelle que soit notre origine ou notre éducation, nous sommes susceptibles d’utiliser ce software. Chez certains il affleure spontanément, ce sont les sauvages : la matière première des désordres et des émeutes.
Le diagnostic que nous venons de poser – trop bref et synthétique malheureusement – représente une vérité interdite. Un sacrilège intolérable dans la France d’aujourd’hui. Les faits divers ont beau s’accumuler comme une guerre amoncelle les corps sur le champ de bataille, les yeux et les oreilles sont bandés.
Le but de ce livre est de prendre la violence au mot. De lui « faire cracher » tout ce qu’elle est venue nous dire.
La violence n’a rien de gratuit ni d’irraisonné. Bien au contraire, elle révèle un processus historique majeur qui façonnera le destin de la France au XXI° siècle.
Il y a aujourd’hui une concurrence entre le peuple de souche et les diasporas qui, du fait du nombre, prétendent au statut de peuple(s) en formation. Au-delà de plusieurs centaines de milliers de membres, l’on n’a plus vraiment affaire à une diaspora mais à un « embryon de peuple ». A un objet politique à part entière.
Aujourd’hui, les Sénégalais installés en France sont plus de 300 000. Les Turcs, plus de 700 000. Les Marocains, plus d’un million. Les Algériens sont de l’ordre de six millions selon le président algérien en exercice, Monsieur Tebboune. Ils seraient autour des 2,6 millions si l’on s’en tient aux estimations de l’Observatoire de l’Immigration et de la Démographie, un organisme indépendant appartenant à la société civile. Même l’estimation fournie par l’INSEE (de l’ordre de 846 000 en 2019) est impressionnante[1] puisqu’elle ne concerne que les personnes nées Algériennes en Algérie. Il faudrait y rajouter les fils et petits-fils d’immigrés algériens pour approcher la taille réelle de la diaspora, d’où le chiffre de 2,6 millions d’individus, évoqué à l’instant.
Un bloc essentiellement maghrébin et africain est en train de se cristalliser sous nos yeux. Ce nouvel ensemble se fédère autour d’une réticence profonde à l’égard de la France. Il puise dans certains aspects de la culture américaine un contre-modèle prêt à l’emploi, une alternative aux règles du jeu françaises qu’il estime dépassées et discriminatoires. Et dans l’Islam, il trouve un moyen idéal de dire « non » à la France car il sait d’instinct que cette religion est une antithèse presque totale de l’identité française.
Il bénéficie de la vitalité de sa démographie et d’une capacité d’attraction saisissante. Il attire à lui les nouveaux arrivants et retient des jeunes dits de deuxième, troisième ou quatrième génération.
En tant qu’objet politique, ce bloc et ses composants n’ont pas intérêt à s’assimiler. Ils y perdraient leur différenciation qui fonde leur attractivité donc leur pouvoir politique. Les immigrés font allégeance à une diaspora parce qu’elle n’est pas française, parce qu’elle est précisément une alternative à l’assimilation. Elle résout un problème puisqu’elle les dispense de faire l’effort (surhumain chez certains) d’admettre et d’intérioriser les mœurs et coutumes du pays d’accueil.
Les diasporas s’agrègent par affinité pour former des sous-blocs : les Maghrébins et les Africains.
Le Maghrébin n’existe qu’en France. Au sud de la Méditerranée, l’on ne connaît que les Marocains, les Algériens et les Tunisiens, trois peuples différents et souvent rivaux. Le Maghrébin est né en France comme un négatif de l’identité française, un refus d’assimilation.
L’Africain n’existe qu’en France. Au sud du Sahara, existent plusieurs Afriques éclatées elles-mêmes en plusieurs milliers d’allégeances ethniques et tribales. L’Africain est né en France comme un négatif de l’identité française, un refus d’assimilation.
Demain peut-être, Maghrébins et Africains s’associeront dans un seul et même peuple ou bien resteront-ils étrangers les uns aux autres. Dans ce cas, ils formeront deux peuples immigrés, séparés par la couleur de la peau. Deux concurrents au peuple de souche.
La mécanique à l’œuvre n’est plus celle du contrat social, les individus n’ayant plus en commun le sentiment d’appartenance à un seul et même peuple. La nature du jeu a changé. Elle est désormais de l’ordre du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Il s’agit d’auto-détermination. Nous hésitons à l’admettre car nous sommes encore otage du modèle de l’Etat-Nation où l’homogénéité prévaut : un même territoire, un même peuple et un même Etat. Ce prisme brouille la vision et a tendance à associer la violence aux inégalités sociales et territoriales. Il n’en est rien.
Sans s’en rendre compte, le voyou fait advenir une nouvelle réalité. Il fait la guerre à la France et signifie leur disgrâce à ses habitants originels. Il leur dit : « vous êtes déclassés, vous êtes des faibles qui ont perdu la suprématie ; ici, ce n’est plus chez vous ; une nouvelle légitimité est en train de naître. » Son combat est politique et de nature « nationaliste ».
La concurrence entre les diasporas et le peuple de souche (ou plus exactement entre le peuple immigré et le peuple de souche) est elle-même influencée par une lutte entre civilisations.
Chaque peuple obéit à sa civilisation qui lui concède une identité et une personnalité. Elle lui inspire ses haines et ses affinités. Elle lui désigne des amis et des ennemis naturels. Elle lui fixe des limites culturelles et métaphysiques. Elle détient les clefs de l’assimilation, elle en contrôle le rythme et l’ampleur.
S’il y a fusion ou coexistence pacifique entre les peuples, c’est que les civilisations l’ont autorisée. S’il y a confrontation, elles y sont probablement pour beaucoup.
Les civilisations sont les commanditaires, les peuples (et les diasporas) sont les exécutants, les voyous et certains militants enragés sont des munitions.
L’avenir de la France dépend de la tournure que prendra l’interaction sinon le choc entre la civilisation française et les civilisations récemment débarquées du Maghreb et d’Afrique noire. Pour l’instant, c’est mal parti…
La violence ambiante est une promesse, elle éclaire le futur, à nous de le réaliser ou d’en forger un autre. Rien n’est absolument déterminé à l’avance. L’avenir de la France dépend pour beaucoup de l’audace des individus de bonne volonté des deux côtés de la « frontière » civilisationnelle : ils ont le pouvoir de retarder, d’atténuer ou de réorienter le processus en cours. L’éviter est impossible.
Il est encore possible d’agir, mais il faut le faire vite et de manière décisive. Des solutions existent, elles sont forcément nuancées et « hors cadre ».
Avant de sauter aux conclusions, il convient d’aller au-delà de la sidération et de l’indignation. Oser regarder à travers les vitres brisées sans avoir peur de ce que l’on risque de découvrir de l’autre côté.
[1] Bien entendu, aucun des chiffres mentionnés dans ce paragraphe ne prend en compte les clandestins.
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