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Journal du mois d’avril 2025

By Admin | Journal | 0 comment | 30 April, 2025 | 5

Mardi 22 avril 2025

Anniversaire. 46 ans aujourd’hui.

Ni chaud, ni froid.

Jadis, cette date était l’occasion de me morfondre sur mon maigre bilan. Depuis ma libération, je n’y pense plus. En effet, j’ai compris d’une part que Dieu m’aime et de l’autre que la vie est tout sauf logique. 2+2 ne font pas 4 forcément. Ce n’est pas grave, car en même temps l’on a en soi-même de quoi naviguer l’incertitude et le chaos. Au fond de notre âme sommeillent des réponses essentielles et les découvrir nous donne une énergie incroyable.  L’énergie de vive cette vie de dingue parmi les dingues et en étant soi-même un peu dingue.  J’ai découvert certaines réponses, pas toutes, et je recommence à courir après avoir longtemps été à l’arrêt. J’ai longtemps été accidenté sur le bord de la route, en panne sèche, car je ne voyais pas pourquoi il fallait avancer. Alors, je me suis longtemps arrêté et d’autres sont passés. Maintenant, je puise dans un réservoir de sentiments et d’aspirations que j’ai toujours trainé avec moi et que j’ignorais. Il est le réservoir du désir. Des désirs devrais-je dire car ils sont divers. Il y a le noble et le minable, le bon et le mauvais. Je les regarde tous, parfois ils me sidèrent et m’embarrassent, mais la plupart me donnent une raison de me battre.

L’an prochain, à la même date, si Dieu me prête vie, je serai devant le miroir avec un bout de lumière en plus projeté sur ma vérité donc sur mon désir. Le seul cadeau que je souhaite est celui que je me ferai à moi-même : accepter mon identité pleinement et sincèrement au point de mettre en œuvre ce qui m’habite au lieu de me contenter de le dessiner comme on dessine un croquis, le croquis d’une maison que d’autres habiteront.

Mercredi 23 avril 2025

Je suis au Maroc après un mois passé en France. J’ai vécu en moine, comme dans ma jeunesse. J’ai avec Paris une relation difficile, cette ville me fait peur et me rappelle mon déclassement. On y est tout de suite pauvre, opprimé par le manque d’espace (les appartements sont minuscules) et par l’horizon constamment bouché.  Paris, ville du vis-à-vis. Elle est à l’image de la France dans un sens : elle n’offre aucun espoir, aucune perspective, aucune vue engageante sur un sommet à prendre ou une vallée à explorer. Comme la France, elle a besoin de prendre le large, d’ouvrir les stores et de s’aérer. Les Parisiens en ont bien besoin. Ils sont des victimes qui s’ignorent. Cette ville comprime l’être et sa pensée. Il se met à voter LFI et à se faire livrer des pizzas par des clandestins à vélo. Il se surprend à marcher sur les trainées d’urine des chiens sur les trottoirs et à payer une orange pressée 4 euros. Il accepte de devenir caissière chez Auchan en contrepartie du néant : l’entreprise ne lui offre aucune remise pour ses bons et loyaux services. Qu’ils sont tristes ces Parisiens qui quittent les supermarchés tenant à bout de bras leurs achats alors que leur vie serait tellement plus simple s’ils achetaient un sac à 15 centimes. Paris rend petit.

Lundi 28 avril 2025

Arrivé au village. Pour une fois, je ne suis pas inquiet. J’ai expulsé le squatteur qui occupait mon terrain, ça m’a coûté cher mais au moins c’est fait.

Les prochains jours, je vais me pencher sur la question du grillage. Le renforcer a priori, car des inconnus traversent mon terrain de temps en temps. Un chien méchant ferait l’affaire a priori. Le gardien est débordé : un type qui passait un jour lui a dit qu’il allait continuer à passer là par habitude…  Je vais me mettre en embuscade pour retrouver ce passant décomplexé, on verra ce qu’il va me dire.

J’admire les populations qui ont un principe particulier à la notion de dissuasion. Honneur aux Roms, aux Corses et aux Kosovars !

Ibn Khaldoun l’a dit il y a huit siècles. Qui l’a entendu ?

(La photo d’illustration représente mon PC Opérations durant cette mission)

Mardi 29 avril 2025

La France est un pays islamophile. Il n’est pas islamophobe, il est islamophile.

Nulle part ailleurs, les musulmans n’ont-ils une chance pareille de monter à bord de l’ascenseur social. Essayez de réussir par votre seul mérite dans un pays arabe…

Nulle part ailleurs, ils n’ont la liberté de voter, de penser et de s’exprimer. En dépit des reculs récents, il est encore possible de critiquer les gouvernants en France et de prendre position. Essayez de faire la même chose en Egypte ou en Arabie.

Nulle part ailleurs, ils n’ont la liberté de changer de confession au sein de la grande famille musulmane. Essayez d’embrasser le chiisme en Afrique du Nord et vous aurez probablement des ennuis. Essayez de vous dire Alaouite en Syrie et on vous obligera à aboyer à quatre pattes…

Nulle part ailleurs, ils n’ont accès aux soins gratuits. Malgré Macron et les bureaucrates incapables en place aujourd’hui, l’hôpital français demeure supérieur à l’hôpital arabe sauf rares exceptions.

Nulle part ailleurs, ils n’ont accès au gouvernement. La France a compté de nombreux ministres musulmans. Quel pays arabe et musulman admet qu’un ministre soit chrétien ou juif ? Quel pays subsaharien admet qu’un ministre soit blanc ?

Bien entendu, il y a le racisme. Mais, il n’y a pas que le racisme. La France est dure aujourd’hui pour tous. Moi, Driss j’ai du mal à louer car je m’appelle Driss. Et Kevin a du mal à louer aussi car le loyer est trop cher et le salaire est trop bas.

Driss, Kevin et David doivent changer la donne. Tous au service du pays. Il faut réparer la maison commune au lieu de s’engueuler d’un balcon à l’autre.

Mercredi 30 avril 2025

Je me suis récemment rendu dans un cimetière des environs de Fez.

J’y ai trouvé un SDF. Il vit littéralement sous une bâche au fond du cimetière. En journée, la bâche couleur bleue est rangée et couvre ses maigres possessions : couvertures, poste radio FM, lampe, quelques vêtements. La nuit, elle est accrochée à un arbre et au mur d’enceinte.

Et le bonhomme est propre. Il ne se plaint pas. Il ne cesse d’évoquer la vie après la mort.

Il m’a guidé vers la tombe que je cherchais. Il m’a tenu compagnie discrètement, en tournant autour à vingt mètres de distance, comme pour dire « je suis là si tu as besoin de moi, j’ai besoin que tu m’aides mais je ne veux pas être lourd ».

Je l’ai aidé, pas assez pour le sortir de là.

L’aider véritablement serait s’asseoir avec lui, l’écouter, le faire parler pour comprendre comment il s’est retrouvé dans cette situation. C’est le prendre dans ses bras quand il pleure. Et il a pleuré sous mes yeux, je l’ai pris dans mes bras, mais plus contrarié qu’autre chose.  

Je lui ai tourné le dos et je suis parti. Je n’ai plus pensé à lui. Pas même la nuit, alors que j’admirais le ciel étoilé depuis ma terrasse et que lui était entouré de ses chats qui le protègent dit-il des scorpions. Je n’ai plus pensé à lui car il faut que je me sauve moi-même et ce n’est pas gagné.

Une amie m’a dit que ma prochaine mission doit être utile aux autres, fondamentalement utile à mon prochain. Je n’arrive pas à « me connecter » à cette idée, peut-être parce que je n’ai pas assez la foi. Je ne pense pas à l’Au-Delà d’ailleurs, je suis obnubilé par ici-bas.

Que Dieu me pardonne.

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