Driss GhaliDriss GhaliDriss GhaliDriss Ghali
  • Opinions
  • Journal
  • LITTÉRATURE
  • TEMOIGNAGE
  • Conférences
  • DANS LA PRESSE
  • Français
    • Português
    • Français

Journal du mois de septembre 2025

By Admin | Journal | 0 comment | 10 September, 2025 | 8

Lundi 01 septembre 2025

Il y a une chose que l’on peut mettre au crédit du mouvement LGBT : il a contribué à rendre licite le Désir ou du moins certains désirs.

Accepter son désir, c’est s’accepter soi-même, c’est dire oui à son identité donc à sa vocation et à sa force vitale. On ne peut pas passer une vie entière à dire non à ce que l’on est et à ce que l’on veut.  Quelque chose finit toujours par craquer, plus ou moins ouvertement, et la comédie se termine souvent en une farce ou une tragédie.

Lutter contre soi est une torture. Le prix à payer est trop lourd.

Le problème est que le désir fait peur et qu’il ne parle pas en langage clair. Il ne suffit pas de l’accepter tel qu’il est, sans honte ni réserve, il faut aussi le comprendre. Or, en plus d’être codé, le désir se dérobe à escient, il évolue aussi.

On n’a pas le choix, on le suivra dans sa danse capricieuse une vie durant.

Mardi 02 septembre 2025

La destruction de Jair Bolsonaro.

Aujourd’hui, débute le procès de l’ancien président brésilien accusé de tentative de coup d’état.

Tout ceci n’est qu’une immense farce. Il n’y a pas eu de coup d’état, il n’y a pas eu de mobilisation pour commettre un coup d’état, il n’y a pas eu un seul coup de feu de tiré et les personnes emprisonnées sont en très grande majorité des civils, des femmes et des retraités.

L’une d’entre elle est une femme de 74 ans qui se déplace en chaise roulante. L’autre est un SDF autiste de surcroît.   Une équipe de choc pour changer un régime !

Les services secrets avaient avisé les autorités de l’imminence d’une manifestation violente plusieurs jours avant le « coup d’état ». Lula et ses ministres n’ont rien fait. La sécurité était très légère ce 8 janvier 2023 lorsque des vandales ont mis les pieds dans les bâtiments qui abritent le parlement, le sénat et la cour suprême. 

Vandales certainement, mais pas putschistes. Ils se sont promenés dans les allées vides et ont dégradé certains objets dont des œuvres d’art. 

Aucun plan, aucune coordination, aucune organisation, aucune revendication. Rien.

Les enregistrements des caméras de surveillance ont été effacés. Incroyable mais vrai.  Ils confirmaient pourtant l’absolue amateurisme des manifestants et l’absence de toute velléité de coup d’état.

Au lieu de faire le procès de ceux qui ont effacé ces images et des responsables qui ont allégé la sécurité de Brasilia au lieu de la renforcer, le Brésil s’acharne sur Bolsonaro.

Le dossier est vide mais peu importe. 

L’idée est de briser ce qui reste d’estime de soi et d’honneur au peuple de droite. Son champion est humilié. Il n’a pas le droit de sortir de chez lui, il est interdit de réseaux sociaux, il ne peut donner d’interview, il est traîné devant une cour, la cour suprême, composée majoritairement de ses ennemis idéologiques. Son procès n’est pas impartial et le système veut précisément le faire savoir : en humiliant le chef, il veut démoraliser la cause une bonne fois pour toutes.

Le pire dans tout cela est l’imbécilité collective. Des amis à moi applaudissent ce procès inique. Ils se fichent de l’absence de preuves ou du non-respect des droits de la défense, ils se vengent du covid. Ils veulent voir Bolsonaro puni pour sa gestion de la pandémie, quitte à le condamner pour un crime qu’il n’a pas commis.

La presse, elle, applaudit l’arbitraire. Les journalistes jouissent à chaque outrage de la cour suprême au droit brésilien. Elle n’est même pas censée le juger car il n’est plus président en exercice ni élu de la nation, les journalistes s’en fichent car ils veulent de la chair fraîche. Ils veulent uriner eux aussi sur le cadavre du président déchu. Ils urineront quand leur tour viendra, après que l’oligarchie se soit soulagée.

Bolsonaro a tous les défauts mais il n’est pas corrompu. Et il ne laisse pas les autres voler l’argent public. Tel est son seul péché. Son vrai péché capital. Lula est plus radical que lui, il vient de déclarer en public qu’il ne veut pas d’un noir sur une affiche pour représenter le Brésil à l’extérieur, mais cela passe crème car c’est un voleur, qualité essentielle dans une ploutocratie.

Une des leçons les plus précieuses à tirer du malheur brésilien est que les juges et les juristes en général ne sont que des exécutants. Ils ne peuvent être autre chose que cela. Ils exécutent ce que la Loi dit. Rien de plus. Ils doivent obéir aux textes et seulement aux textes. Ce sont des techniciens, pas des hommes politiques ni encore moins des dirigeants.

Leur indépendance ne les affranchit pas de cette hiérarchie que je viens de décrire. Elle leur garantit tout simplement les conditions d’exécuter leur technique juridique dans un environnement calme et serein, loin des pressions et des intimidations et des séductions. Comme un chirurgien, ils sont les patrons du bloc opératoire lors de l’opération. Personne ne doit leur dire quoi faire ni comment exercer leur art. Mais, ils n’ont pas le droit de tuer le patient ni de lui faire un cours de morale pendant qu’il gît sur la paillasse.  Ils doivent rester à leur place.

Mercredi 03 septembre 2025

Je me suis fait livrer une pizza et le livreur utilisait des béquilles. Il a le fémur cassé, le genou couvert d’un plâtre et il roule à moto pour livrer des pizzas dans São Paulo.

Cruelle est la nécessité.

Jeudi 04 septembre 2025

Audience au tribunal à São Paulo.

Tout est impeccable. Le juge, l’avocat, les installations. C’est drôle, je n’ai pas peur de la justice ici.

J’espère que cela restera le cas pour toujours.

Vendredi 05 septembre 2025

Il y a quelques jours, ma femme a eu un accident domestique, elle s’est brûlée les doigts avec un détergent contenant un corrosif puissant. On a atterri aux urgences en vingt minutes, porte à porte. De bout en bout, nous n’avons fait que des bonnes rencontres : le chauffeur d’Uber qui a roulé vite sans faire de folie, l’infirmière à la réception qui nous a fait passer avant tout le monde, le médecin de garde qui a vu la brûlure, les infirmières qui ont administré très vite à ma femme 3 ml de morphine etc.

Que des anges.

Je ne peux pas m’empêcher de penser à ce qui ce serait passer au Maroc où même avec de l’argent tu n’aurais pas été pris en charge comme cela. Ici, le personnel médical et paramédical travaille par vocation, il te regarde comme un patient, non comme une « opportunité ». Leurs yeux débordent d’empathie. Ils ressentent de la pitié quand ils te voient souffrir et ils ne te demandent jamais un pourboire ni te le font sentir d’une manière ou d’une autre.

Malheureusement, au sud de la Méditerranée, de Casablanca au Caire en passant par Dakar, l’homme est encore un loup pour l’homme. Personne ne veut l’admettre car se voir dans une glace est assez intolérable pour la plupart d’entre nous.

Ma femme est rentrée, elle va mieux. Elle n’a plus mal. Grâce à Dieu, plus de peur que de mal.

La leçon a été apprise : ne jamais mélanger un détergent avec de l’eau bouillante.

(je salue, à cette occasion, tous les vrais médecins et vrais infirmiers marocains qui maintiennent la tête haute et l’âme élevée malgré le contexte hostile, il y en a, je le sais et j’espère qu’ils auront le dernier mot)

Samedi 06 septembre 2025

Une belle femme peut sauver le monde. J’irais plus loin : une femme délicate peut sauver le monde, nul besoin d’être belle. 

Je veux dire qu’elle suscite chez l’homme une retenue qui l’empêche d’être un sauvage. 

Le Beau appelle à la préservation. Au soin. 

Le laid et le vulgaire à la destruction.

Méfiez-vous des mauvais architectes et des mauvais musiciens.

Lundi 08 septembre 2025

L’homme sans mission est comme un homme amputé. Il vit mais sa vie est une impossibilité, elle est un cri qui ne sert à rien à part raconter une tragédie. Et le monde n’a que faire des tragédies, il y en a trop.

Mardi 09 septembre 2025

J’ai toujours été à l’aise avec les Latinos. Complètement moi-même, en confiance et en totale bienveillance.

C’est mon peuple, ma famille.

J’y ai fait souche.

Ce matin, la serveuse qui m’a amené mon café avait un délicieux accent, un reste d’espagnol dans un portugais parfait. Elle est Vénézuélienne et elle a fui le paradis socialiste. Elle aussi. 

Elle a quelque chose de l’Amérindienne et de l’Espagnole. Elle est aussi une fille de mon pays, une arabe par la peau mate. En France, on dirait une “beurette” (quel horrible vocable, raciste pour le coup). De l’arabe, elle a tout cas le goût de la tragédie. Sa famille est distribuée dans le monde, entre trois pays différents qui lui ont concédé le refuge. Mais, le Christianisme donne à cette affection pour la tragédie une teinte attachante et attrayante. Les Latinos sont certes violents et corrompus mais ils reviennent toujours se loger dans le bras de Marie. Ce retour permanent vers l’énergie féminine les rachète.

Mercredi 10 septembre 2025

La France dans la rue. 

Ce 10 septembre, on nous a promis le cataclysme. On a eu droit aux mêmes zigotos de toujours : lycéens stupides, voyous de gauche (et de souche) venus casser les vitrines, leaders syndicaux pleins d’amertume et de mauvaise foi.

Je comprends maintenant pourquoi certains grands Français ont préféré quitter la métropole à la fin du XIXe pour aller aux colonies. Le partisan malgache tapi sous un buisson ou le “mosquito” guinéen porteur de la malaria sont moins nocifs pour le moral que les héritiers de la Révolution Française. 

Si Gallieni ou Brazza étaient restés à Paris, ils auraient eu à s’asseoir autour d’une table avec des femmes qui ne se dépilent pas et des hommes qui veulent guillotiner la réussite. 

La France avait besoin à l’époque de grand air. Certains l’ont trouvé en Algérie ou en Nouvelle Calédonie. D’autres en Amérique ou en Australie. 

Et les deux guerres mondiales du siècle dernier ont permis de purger un peu le peuple de la révolution. Les balles allemandes ont tué les meilleurs français mais aussi des Robespierre en herbe. 

Depuis 1945, il n’y a plus aucun prédateur. Les amis du génocide vendéen ont carte blanche.  De leur haleine fétide, l’air français empeste à nouveau.

Macron n’a pas forcément tort : il faut peut-être faire la guerre en Ukraine et y envoyer les amis de Mélenchon.

Je me relis et je suis surpris par le ton pamphlétaire du propos. Face à des gens qui ne se lavent pas les cheveux, peut-on adopter un autre ton?

Mercredi 10 septembre soir

Le nouveau premier ministre parle bien. En brésilien, on dit qu’il parle bonito (joli).

Si ce monsieur a compris tout ça (que le pays va mal, qu’il faut du sérieux et regarder le réel en face), que fait-il alors dans l’entourage de Macron depuis 2017? 

Ou bien a-t-il mis 8 ans pour ouvrir les yeux.

Nous le jugerons sur pièces et lui souhaitons bonne chance car la France ne peut pas être une cause perdue.

Jeudi 11 septembre 2025

Charlie Kirk. Décédé.

La gauche est décidément devenue une maladie mentale.

On ne connaît pas les motivations du tireur mais on devine déjà qui l’ont inspiré : les éjaculateurs stériles qui enduisent de haine et de ressentiment le portrait de toute opposition crédible à la gauche.

Lundi 15 septembre 2025

La République Française se désintègre à la lumière du jour.

7 flics lynchés à Reims. A Reims, bordel ! Nous avions déjà renoncé à Marseille mais pas à Reims, bordel !

Est-ce que les imbéciles qui conduisent la France vers le mur en ce moment savent au moins à quoi ils jouent.

Ceci est une Révolution.

La Révolution des Enfoirés et croyez-moi ils seront sans pitié. Ils viennent de remplir leur ventre et il leur reste à se rassasier de vos maisons, vos femmes et vos paysages. Ils sont esclavagistes, ils vous réduiront en esclavage. Vous, vous n’êtes plus esclavagistes, eux, le sont. Vous n’êtes plus colonialistes, eux, le sont.

Mardi 16 septembre 2025

Il était détraqué mais tellement attachant. Il faisait des efforts pour ne pas sortir du chemin étroit que nous appelons normalité. Il m’a touché.

Le chauffeur Uber qui m’a amené ce matin à un rdv au centre-ville a le poignet recousu, une cicatrice sur le crâne et une large entaille sèche sur le dos.  Trois chutes de moto, selon lui. « Les points de suture sur le crâne, c’est la police qui me les a donnés, là où j’habite, ils tapent et après ils posent des questions. » J’en doute un peu, mais je me tais, je préfère le laisser parler. « Mon père est schizophrène, il est sous médoc tout le temps, je me relaie avec ma mère à son chevet. »

C’est fou, nos problèmes semblent tellement dérisoires près de ceux des autres.

Maintenant, je le regarde. Il est blanc, la trentaine, la barbe de deux jours, propre, chemise noire, jean correct, pas de tatouage.

Il s’est planté sur l’adresse, il a dû la rentrer de nouveau dans son application pour m’amener à bon port. Peu importe, j’ai du temps. Au centre-ville, les SDF défilent sur le trottoir entre les bagnoles de flic stationnées à chaque coin de rue, comme des décorations de Noël, rouges et bleues, scintillantes et brillantes mais tellement inutiles. Au Brésil aussi, les juges relâchent ceux que la police arrête. 

« T’as vu ce déséquilibré ? »

Le vieux avait le ventre gonflé. Le visage rouge sous une barbe blanche. Les pieds déformés. Il campait sous l’arrêt de bus. Il nous regardait comme quelqu’un qui se réveille et découvre un éléphant dans sa chambre à coucher. « J’étais comme lui mais j’ai trouvé Dieu. Tu sais Dieu c’est tout. Il nous a donnés une mission. La mienne, c’est de m’occuper de mon père malade. Je vais l’accomplir. »

Il m’a déposé et il m’a béni.

Il n’y a pas d’égalité. Il n’y a aucune égalité entre les hommes. Et la politique n’y peut rien. Aucun système ne peut mettre sur la même ligne un gars qui a été fracassé par la vie et un autre qui est encore entier. La maladie mentale au sens large (traumatismes, dépression, troubles de l’apprentissage etc.) est le grand éradicateur des chances. L’éradicateur oublié.

Dieu, la religion et la thérapie.  Je ne vois pas d’autres solutions.

Allah Akbar.

Mercredi 17 septembre 2025

J’ai repensé à lui ce midi.

Il est venu à mon esprit à l’instant où je me suis attablé dans un restaurant français de São Paulo. La banquette rouge vin, les serviettes à carreaux, le paravent translucide au teint doré sous les rayons du soleil. Mon père aimait les bistrots parisiens, il adorait la bonne bouffe française. La France, c’était ça pour lui : le pichet de rouge, le bon beurre et le pain de campagne épais et tiède.

Me voilà à 46 ans, les fesses posées dans un restaurant sous les tropiques, au milieu d’une des phases les plus décisives de ma vie. A un point d’inflexion comme il l’aurait dit.  J’en ai marre de réfléchir, de peser les « pour » et les « contre », je veux oublier le train qui me fonce dessus.

Ma femme est belle. Encore plus aujourd’hui. Elle porte son chemisier blanc ivoire en soie et elle est de bonne humeur.

De quoi se plaindre ?

Tous les clients ont la peau claire, d’une clarté nordique. Le service est mat, virant vers le type nord-africain pour certains et chavirant vers le type amérindien pour d’autres. Les serveurs et les serveuses sont comme une marée brune qui vient mouiller les pieds d’estivants tout juste sortis du ventre de leur mère. Jolies bouilles poudrées de talc et qui sentent bon.

L’argent a ses règles au Brésil.

Le serveur est Péruvien. Je l’ai débusqué par son accent en portugais. Je lui ai proposé de me payer un verre si j’arrive à deviner sa nationalité. Il m’a répondu : « même à ma mère, je ne paye rien… ». Alors, je lui ai dit la réponse juste pour le plaisir de viser dans le mile.  Mes neurones sont des antennes pointées vers l’outre-mer.

Il est beau ce garçon.  Un magnifique indien. Le visage carré et légèrement enflé comme les têtes des totems maya que l’on voit au Mexique. La peau bistre, couleur coco flambé, lisse et humide. Les cheveux courts et doux.

On s’est dit au revoir après un repas agréable et je lui ai tourné le dos. Ma femme me tenait la main comme pour me ramener parmi les vivants. Magasin Louis Vuitton à gauche, Tiffany & Co à droite, je suis un pauvre chez les riches. J’ai encore espoir de participer à leur monde. Mon père serait là, il me tirerait les oreilles : « tout ça pour ça mon fils ! Tu t’es perdu en route, tu as baissé les bras si vite… ».

Ce n’est pas ça papa. D’autres cherchaient le nord, moi je voulais trouver le sud, je l’ai trouvé. Maintenant que je m’en lasse un peu, je peux regarder ailleurs.

 

Jeudi 18 septembre 2025

Hôpital d’Agadir.

Une foule d’une centaine de personnes et un bébé. Un bébé tout blanc, de quelques jours à peine, que son oncle exhibe devant une multitude de téléphones portables qui filment et qui s’indignent. Le bébé a le dos tourné à la foule et l’on aperçoit en bas de sa colonne vertébrale une espèce de boule marron que traverse un brin de pansement souillé. Il a une maladie rare, la spina bifida. Il est né avec un trou en bas de la colonne vertébrale par où il peut attraper des infections qui peuvent le paralyser ou le tuer. L’adulte qui le porte ainsi n’a rien trouvé de mieux pour attirer l’attention des autorités et obtenir des soins. Quelle honte ! Quelle tragédie ! Il faut atteindre le désespoir pour exhiber son enfant ainsi comme un mendiant exhibe sa difformité pour obtenir l’attention dans un souk infecte de Marrakech ou de Calcutta.

La maladie est laide. L’humiliation l’est encore plus.

Ce bébé malade est le symbole d’un pays malade. Sa difformité est la nôtre aussi. La sienne est physique, la nôtre est morale.

Par quel enchaînement de négligence et de méchanceté la famille de ce bébé est passée pour qu’elle se rabaisse à appeler au secours de cette manière ? Quel médecin, quelle infirmière, quel bureaucrate, quel politique, quel agent de sécurité, quel pharmacien, quel Marocain en somme a perdu sa sensibilité et son cœur au point de se coucher le soir en sachant qu’un bébé a un trou dans le dos et que rien ne sera fait pas pour lui ?

Ce n’est pas la famille du malade qui s’est rabaissée, c’est le pays entier qui a été reçu une gifle.

La vérité lui a été vomi sur la gueule.

Le problème avec ce genre de vérité est que personne ne veut l’entendre. Tout de suite l’autodéfense se met en route. Les technocrates et les politiques se mettent en mode communication et déversent les annonces et les promesses d’investissement alors que le problème n’est pas matériel, il est moral. Il est dans le cœur. Dans la conscience. Dans les tréfonds de l’âme. On peut acheter tout le matériel du monde, il ne servira à rien si les gens qui sont censés l’opérer se moquent de leur prochain. Il n’y a pas de politicien pour dire cela, ni de sociologue ni d’homme de religion. Et même si l’un d’eux osait le dire, que pourrait-il faire tout seul à part passer pour un étranger parmi les siens ? Il serait utile véritablement s’il s’entourait d’une avant-garde capable, avec beaucoup d’efforts et de sacrifices, d’obliger la société à changer de conduite. Cela s’appelle une élite. Et ce changement s’appelle un changement de civilisation. Et seule une véritable élite a une chance (infime) de faire bouger une civilisation dans le bon sens. Seule une élite peut susciter, avec du talent et beaucoup de chance, l’adoucissement des mœurs et l’anoblissement des caractères. Une élite fait la différence quand elle suscite une multitude de petits miracles quotidiens dans l’intimité de chacun ; quand elle les voir se propager de proche en proche jusqu’à changer le visage de la société.

Il s’agit d’une révolution. De la plus belle des révolutions qui soit. Y a-t-il plus belle révolution que de rendre les gens meilleurs aux yeux des autres et d’eux-mêmes (et de Dieu assurément !) ?  

S’agit-il d’une révolution ou d’une conversion plutôt ? Les deux en même temps bien sûr. D’où l’immense difficulté de l’exercice. Nous nous accrochons à nos croyances toxiques comme un SDF à ses guenilles puantes et lépreuses. Elles nous font mal mais elles nous sont familières donc elles nous rassurent. On comprend mieux pourquoi les prophètes ont toujours été reçus par des jets de pierre par leurs semblables. Ils étaient les vrais révolutionnaires.

Je me suis juré de ne plus écrire sur les affaires marocaines. Par désespoir. Je crois en effet que la France a encore une petite chance de s’en sortir, pas le Maroc. Je sais que je suis une voix dans le désert quand j’affirme cela. Je ne vais même pas perdre de temps à essayer de m’expliquer. Je dirai juste que j’aime trop mon pays pour confondre l’extension du domaine bâti avec le développement de l’individu.

Je vous rapporte ce fait divers car il vous explique à vous lecteurs français le pourquoi de l’immigration. Une de ses raisons principales à défaut d’en être la raison unique. Les gens fuient ça : l’injustice qui les pousse à s’humilier pour sauver leurs gosses. Ils viennent chez vous car ils savent que vous avez suffisamment de cœur pour injecter l’empathie et la douceur dans les couloirs des hôpitaux. Ils savent que vous n’allez pas leur demander s’ils ont de l’argent pour payer ou s’ils viennent de la part de quelqu’un.

Malheureusement, vous renoncez à votre supériorité morale en ce moment-même en confiant vos hôpitaux et vos services publics en général à des bureaucrates incompétents et sûrs d’eux-mêmes. Ils détruisent ce qui fonde réellement la différence entre vous et nous : la morale et le cœur. Si vous ne faites pas attention, vous serez une simple extension du tiers-monde au nord de la Méditerranée.

Dimanche 21 septembre 2025

« Je crois que nous sommes tous enfermés dans nos propres pièges, coincés dedans, et aucun de nous ne peut en sortir… On gratte et on griffe… mais seulement dans le vide, seulement entre nous, et malgré tout, on ne bouge pas d’un pouce. »

Tiré de Psychose (1960) par Alfred Hitchcock.

Je viens de tomber sur le script du film sur internet. Une merveille. Le document est dactylographié et saisi dans son jus en format pdf : on a l’impression d’être dans la confidence ou bien dans la boucle en 1959, quelques mois avant le tournage du film. L’on se sent privilégié : important comme un producteur de Hollywood.

Je crois que ce « livre » va me tenir compagnie toute la semaine prochaine. Je m’y retrouve tellement comme dans cette phrase citée en exergue. Oui, je crois que nous sommes pour la plupart enfermés dans nos propres pièges, tendus par nous-mêmes, pour nous-mêmes et à notre insu. Nous sommes responsables de nos malheurs ou d’une grande partie de ceux-ci. Nous sommes responsables, pas victimes. Ou plutôt responsables et victimes de nous-mêmes.

Prenez le monde arabe. Il est coincé dans son propre piège de corruption, népotisme et d’ignorance. Il ne bouge pas d’un pouce, quoi qu’il fasse.

Prenez mon exemple. Je m’en suis tendu des pièges à moi-même (parfois avec l’aide active des miens). Et encore je ne les connais pas tous. Je vis encore dans la fantaisie des années 1990 : j’ai tendance à ramener toute la vie aux paramètres de mon adolescence au Maroc, entre un père ultrapuissant et charismatique, une mère aimante et malheureuse, un désir brûlant mais non-autorisé pour toutes les raisons du monde (manque d’argent, prohibition religieuse, légale etc.). Nous sommes en 2025 et je me débats encore avec cette histoire.

Lundi 22 septembre 2025

Macron reconnaît l’Etat palestinien. 

Aux yeux d’une partie de l’opinion publique occidentale, Israël est en train de devenir comme l’Afrique du Sud des Afrikaners. Un Etat à isoler. Une nation à punir. Et cette partie de l’opinion publique occidentale n’est pas si minoritaire que ça, elle avance.

Macron a beau être incompétent, il appuie probablement sa démarche sur cette nouvelle donne. Il n’y a pas que la rue arabe de Paris qui le pousse à reconnaître la Palestine, c’est aussi Marcel et Josiane qui commencent à virer du côté palestinien.

Le fiasco de la campagne militaire à Gaza y est pour quelque chose : personne n’aime les perdants et pour le moment Israël est le perdant. Ses otages sont toujours absents, le Hamas est tout sauf démantelé et encore moins remplacé par une autorité arabe qui soit mieux disposée envers Tel Aviv.

Il y a comme une envie de punir Israël et rien de mieux pour cela que de reconnaître l’Etat palestinien. L’idée a beau être farfelue, son absence de consistance importe peu.  Qu’attendez-vous d’une génération qui ne sait même pas définir une femme ? Macron et ceux qui pensent comme lui sont capables de dire qu’un homme qui porte une jupe est une femme, alors de là à dire que le « discontinuum » territorial palestinien est un Etat, il n’y a qu’un pas.

Et après tout, qu’est-ce qu’un Etat ? Vous croyez que les gens savent ce que c’est qu’un Etat, une nation et un peuple ? Ceux qui ont moins de trente ans n’ont jamais vu de frontières entre la France et l’Espagne ou la France et l’Italie. Ils croient qu’un Etat est une sorte de qualité déclarative : « ah tiens, aujourd’hui je me sens Etat alors je me déclare comme tel et tu as intérêt à me traiter comme tel… ».

L’Afrique du Sud, je vous disais. Le parallèle me semble sérieux même s’il m’effraie.

L’opinion publique occidentale est un cocu qui s’ignore. Elle veut être trompée du moment qu’elle jouit en se masturbant la conscience. Elle ne veut ni de grandes victoires militaires ni d’exploits héroïques : elle veut de l’émotion low-cost où elle ne se mouille pas. Elle pourrait lâcher Israël si elle y trouve une récompense morale. Dans les années 1970, à l’époque de l’apartheid, l’opinion publique occidentale avait ostracisé les Blancs d’Afrique du Sud au nom des droits de l’homme et de l’antiracisme. C’était tellement facile et agréable : même les chanteurs pop étaient de la partie et les plus jolies filles se trémoussaient sous des t-shirts à l’effigie de Mandela.  L’opinion publique occidentale peut faire la même chose aujourd’hui auprès des Israéliens afin de réaffirmer « son ferme attachement à la dignité humaine ».  Au passage, cela permet de leur régler leurs comptes à ces Blancs récalcitrants qui se battent encore pour quelque chose.  Quand on a on a renoncé à la puissance et au courage, on ne peut tolérer de les voir chez autrui, surtout s’il nous ressemble comme deux gouttes d’eau. Israël, malgré tous ses défauts, renvoie à l’Occident son image antérieure : celle qui était la sienne avant son suicide collectif.  L’idée même de la force vitale est tout simplement insupportable à une partie du monde occidental, celle qui a tiré un trait sur elle-même et qui attend la fin, avachie sur son sofa, la télécommande Netflix à une main et le narguilé à une autre.

Et puis les Palestiniens ont une immense qualité : « ce sont des Arabes qui ont le bon goût de ne pas fréquenter nos banlieues, on peut les aider eux car ils ne vont pas venir s’installer chez nous, ils sont et seront toujours le problème des Israéliens, pas le nôtre, mais qu’ils soient rassurés, on leur fera un gros chèque pour les aider à amorcer leur Etat »

Tout cela est réversible. Il est encore temps d’agir. La balle est dans le camp d’Israël. Il est urgent que Netanyahou parte, qu’il emporte avec lui le poids de l’échec à Gaza et qu’une nouvelle équipe sorte le pays de cette mauvaise passe.

Mardi 23 septembre 2025

Mon voisin de palier est un Igbo du Nigéria ! Igbo est une ethnie (ou une confédération d’ethnies, je ne sais plus) qui occupe l’Est du Nigéria. Elle s’en sort bien dans la vie habituellement, les autres ont essayé de le lui faire payer. Cela a donné la guerre du Biafra à la fin des années 1960, une guerre civile opposant les Haussa-Fulani du Nord et les Yorubas du Sud aux Igbo. D’avance, je m’excuse auprès du lecteur africaniste pour toute approximation ou inexactitude : l’histoire du Nigéria échappe à mon domaine de compétence.

Cela dit, j’ai tout de suite déniché l’ethnie de mon voisin, il m’a suffi de quelques secondes de discussion, le temps de descendre 4 étages en ascenseur.

Il est noir, bien sûr. Il aurait pu être Brésilien. Mais, il a un accent. Je soupçonnais à l’origine une origine angolaise, il y a beaucoup d’Angolais au Brésil en effet.  Tiens, une très belle angolaise vient d’être embauchée comme opticienne en bas de chez moi. 25 ans. Sourire large. Cheveux bouclés. J’ai déjà averti ma femme : je vais lui rendre visite par pure courtoisie panafricaine.

Revenons à mon voisin. Ce mardi, je lui ai posé la question : « je sens un accent lointain, d’où viens-tu ? 

– Nigéria !

– De quelle partie ?

– Cite-moi une ville du Nigéria ?

– Lagos, Abuja…

– Ah Lagos est l’ancienne capitale, elle est près de la mer. Abuja est au nord. Moi, je suis de l’Est !

– Tu es Igbo alors !

– Oui ! Comment tu le sais ? »

Je l’ai pris dans mes bras. Je me sens authentiquement Africain. Un noir à la peau claire. Je ne comprends que trop les Africains : ils ont plus le vertige que moi, ils sont sonnés par le choc de la modernité qui les a expulsés de leur planète pour les placer sur une autre, ils sont sidérés. Ah, ce que je dis ici ne s’applique pas aux individus. Je me réfère aux civilisations. Aux cultures si vous voulez. Les peuples africains ne savent pas par où commencer. L’homme blanc les a projetés dans un monde aux paramètres entièrement neufs : urbanisation en lieu et place de vie tribale, sécularisation en lieu et place de spiritualité et attachement au merveilleux, ultra-productivité en lieu et place d’une relation « douce » au travail où l’on travaille assez peu et où l’on compense le manque à gagner par le commerce de longue distance et par l’esclavage. Et la liste des paramètres est infinie. L’Afrique se réinvente sous nos yeux. Elle aura besoin de temps.

Et la porte de l’ascenseur s’est ouverte sur le concierge qui nous a trouvé embrassés ainsi.

«Ne vous gênez surtout pas ! »

J’ai entendu parler des Igbo récemment à vrai dire. Je m’intéresse au Nigéria. J’ai commencé par le Nord, chez mes coreligionnaires Haussa- Fulani. Parmi eux, l’on compte nombre de « Tijanis », la confrérie musulmane qui m’attire le plus : elle pratique l’Islam du sourire, on en reparlera un jour. Puis, de fil en aiguille, j’ai descendu les rives du Niger en direction de l’Atlantique en direction des savanes vertes d’abord et des forêts pluvieuses où je suis le mieux dans mon élément. On est chez les Yorubas, beaucoup ont été transplantés au Brésil et en Amérique Latine du temps de l’esclavage. Certains sont revenus après la libération, on les appelle les « Brésiliens ». Ultra-minorité absorbée par la masse. Le cinéma nigérian est Yoruba me semble-t-il. La musique aussi. Je ne suis pas sûr de ce que j’avance, je répète que je connais mal le pays, mais il m’attire. Tout ce qui est baigné par le Golfe de Guinée m’intéresse. De la Guinée espagnole (équato) au Bénin. J’ai touché les Igbos tardivement, en m’intéressant à l’histoire (sempiternelle) des coups d’état nigérians. Dans les années 1960, ils ont voulu faire sécession. Le Nigéria est en effet un pur artifice. Les Igbos n’ont rien à dire aux gens du Nord. La religion les sépare, les modes de vie et les valeurs prédominantes achèvent d’en faire des étrangers les uns aux autres.  Les gens du Sud ont probablement plus de liens avec ceux de l’Est mais ils ont rarement vécu dans la même unité de commandement et de destin. Sans compter les divergences linguistiques et ethniques. On sous-estime souvent l’effet de l’isolement sur les consciences. Pas de routes, pas ou peu de commerce, insécurité, moustiques : les gens ne se connaissaient pas car ils ne se déplaçaient pas.

Les Britanniques ont mis tout le monde ensemble il y a un siècle. Les Igbos ont essayé de se dégager de cette prison des peuples, ils n’ont pas pu.

Ils pourront repartir à la charge une autre fois. Je ne donne pas cher de la peau du Nigéria unitaire. Le pays est mal gouverné et il n’a jamais trouvé son équilibre moral et sentimental. Il est en crise permanente depuis le début comme un homme que l’on a obligé à vivre dans le corps d’une femme. Chaque jour est un éternel recommencement : il faut se mettre en condition d’assumer une identité non-désirée et non-naturelle, il faut jouer la comédie à soi-même et aux autres avant d’aller se coucher le soir. Épuisant. On fait du surplace une vie durant.

L’identité : pétrole des uns, malédiction des autres.

Lundi 29 septembre 2025

Le weekend dernier, des jeunes issus de la Génération Z (nés après 2000) se sont donnés rendez-vous dans plusieurs villes du Maroc pour exiger le droit à la santé, à l’éducation et la fin de la corruption.

La police était là, en plus grand nombre à mon avis que les manifestants.

Grâce aux réseaux sociaux, on a vu des jeunes propres sur tous rapports se faire embarquer par des policiers, à peine plus âgés qu’eux. Le peuple vs le peuple. Je ne dis jamais que le peuple a raison et que l’Etat a tort par principe. Loin de là. Je me méfie des foules et des masses, ces tyrans obstinés et sadiques. Mais, cette fois, mon cœur a vibré avec les jeunes. Ils n’ont rien demandé d’excessif. Ils n’ont rien cassé. Ils n’ont pas l’air d’être mal-élevés. J’étais comme eux à vingt ans, gentil et sérieux sauf que moi je ne faisais qu’étudier. J’avais peur de descendre dans la rue, mes parents m’auraient crucifié si j’avais osé manifester.

Pour connaître un peu le Maroc, je pense qu’ils ont raison de demander ce qu’ils demandent. Mais, est-ce que l’Etat peut leur donner satisfaction ?

Le problème au Maroc comme dans tous les pays arabes et africains n’est pas matériel. Il est humain c’est-à-dire moral. Nous avons des médecins hors-pairs, des budgets suffisants et des équipements modernes mais nous n’avons pas envie de prendre soin les uns des autres. Nous sommes intrinsèquement violents, d’une violence froide comme le venin qu’une femme administre à son mari par petites gouttes dans la nourriture, jour après jour, jusqu’à ce qu’il succombe. L’empathie et l’amour n’ont aucune place dans la plupart de nos hôpitaux. Il faut toujours payer les uns et les autres : acheter l’attention avec l’argent au lieu de l’attirer par la sensibilité.

Une fois, j’ai accompagné ma grand-mère dans un hôpital public. Les agents de sécurité privée faisaient le tri et la régulation. Les infirmiers et les médecins étaient invisibles, camouflés dans leurs habits civils, personne ne voulait porter de blouse blanche pour ne pas être sollicité.

Quelques années plus tôt, un autre hôpital (privé celui-ci) a refusé de soigner mon père, en pleine crise cardiaque, car il n’avait pas d’argent sur lui. On nous demandait l’équivalent de 1000 euros cash pour l’admettre aux urgences cardiologiques.

A l’école, c’est pareil. Comment voulez-vous transmettre un trésor (le savoir) aux enfants de gens que vous détestez ou qui sont pour vous des « proies » à alléger de leurs économies ?

Quant à la corruption, elle habite notre inconscient collectif. Elle est un « médicament » que nous avons trouvé contre la toute puissance de l’Etat, un concept occidental que nous avons encore du mal à digérer. Jusqu’à la colonisation, le pouvoir de l’administration était irrégulier et rarement hégémonique. La dissidence est plus proche de notre état politique normal que l’obéissance. Alors, nous trouvons dans la corruption un moyen « d’acheter » l’Etat en même temps qu’elle permet de priver autrui de son droit légitime. Quand je donne un backchich à un agent de sécurité à l’hôpital, j’achète le droit de passer devant un autre malade, je l’évince et me situe au-dessus de lui. L’Inégalité est notre valeur fondamentale, nous l’aimons alors que nous nous mentons à nous-mêmes en exigeant l’Egalité. Les Français aiment peut-être l’Egalité, pas nous.

Que dire aux jeunes qui ont manifesté ?

Je crois que l’affaire est pliée. Il n’y a rien à faire.

 

 

Retrouvez les états d’âmes des mois précédents dans la rubrique Journal :

https://www.drissghali.com/fr/journal/

génération z, maroc, social

Leave a Comment

Cancel reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Copyright 2023 Driss Ghali - All Rights Reserved | contact@drissghali.com
Developed by TWM Digital
  • Opinions
  • Journal
  • LITTÉRATURE
  • TEMOIGNAGE
  • Conférences
  • DANS LA PRESSE
  • Français
    • Português
    • Français
Driss Ghali